Quatorze ans. Quatorze longues années de disette, de frustration et de défaites à domicile. Ce lundi soir, dans un Vélodrome en fusion, chauffé à blanc par 24 heures d’un report polémique, l’Olympique de Marseille a enfin brisé la malédiction en s’offrant le scalp de son rival parisien (1-0). Une victoire historique, acquise avec l’art et la manière, au terme d’un Classique tendu et disputé sous le spectre d’une cérémonie du Ballon d’Or qui, au même moment, couronnait un Parisien absent. Un symbole fort : ce soir, le collectif marseillais a éclipsé les individualités parisiennes.

Aguerd libère le Vélodrome, Chevalier plombe le PSG

Tout s’est joué, ou presque, dès la cinquième minute, dans un moment de bascule aussi brutal qu’inattendu. Sur un corner anodin, le Vélodrome retenait son souffle. Et puis, la boulette. Lucas Chevalier, le nouveau portier parisien, recruté pour apporter une plus-value, manquait totalement sa sortie aérienne, offrant à Nayef Aguerd l’occasion de propulser de la tête le ballon au fond des filets. 1-0. L’ironie du timing est cruelle : au même instant à Paris, son prédécesseur Gianluigi Donnarumma recevait le Trophée Yachine de meilleur gardien du monde. Un parallèle terrible, symbole parfait de la soirée cauchemardesque vécue par le PSG.

Mais résumer ce succès historique à une simple erreur adverse serait une profonde injustice envers la performance marseillaise. Loin de se recroqueviller pour défendre ce but tombé du ciel, l’OM de Roberto De Zerbi a livré une prestation pleine de maîtrise, de discipline tactique et d’une audace folle. Portés par un public incandescent, les Phocéens ont bousculé le champion, se créant les meilleures occasions pour tuer le match bien plus tôt, à l’image de cette frappe surpuissante de Gouiri qui s’écrasait sur la transversale (26e) ou de cette volée de Paixão qui frôlait le poteau juste avant la pause.

L’OM a trouvé la faille : Victoire méritée dans le Classique (1-0)

Rulli, le gardien du temple marseillais

Car en face, un Paris amoindri a bien tenté de réagir, par intermittence. Mais les quelques fulgurances de Vitinha ou d’Hakimi, qui ont fini dans le top 10 du Ballon d’Or, se sont heurtées à un mur nommé Gerónimo Rulli. Impérial et serein, sur la lancée de sa performance face au Real Madrid en Ligue des Champions, le portier argentin a multiplié les parades décisives, écœurant les attaquants parisiens et préservant avec autorité ce but d’avance si précieux. Là où Paris avait un maillon faible dans les buts, Marseille avait un véritable roc.

Il faut aussi dire que ce PSG n’avait rien d’un ogre ce soir. Privé de nombreux cadres offensifs (Dembélé, Doué, Barcola, Neves), avec un Gonçalo Ramos transparent en pointe, le club de la capitale a affiché un visage terriblement apathique et prévisible. Les changements tactiques de Luis Enrique n’ont rien changé à l’affaire. Marseille, qui avait tant insisté pour jouer ce match sans report supplémentaire malgré le contexte, a parfaitement su exploiter les failles d’un adversaire diminué. Le pari était risqué, il s’est avéré magnifiquement gagnant.

La Ligue 1 relancée, l’OM aussi

Cette victoire historique vient couronner une semaine folle et relance totalement la saison de l’Olympique de Marseille après un début de championnat hésitant. Elle redonne également de l’intérêt à une Ligue 1 que l’on disait déjà jouée, en prouvant que Paris, même champion d’Europe, n’est pas infaillible. La soirée restera amère pour les Parisiens, peut-être consolés à distance par le Ballon d’Or de Dembélé et le titre de meilleur entraîneur pour Enrique. Des récompenses individuelles bien futiles face à la ferveur d’un Vélodrome qui, ce soir, a enfin vaincu ses démons.