
Pierrick, Nino, Kim et Kepa ont participé avec succès à The Queue. Une institution à Wimbledon qui assure un succès populaire au tournoi anglais. Les premiers rangs des tribunes sont remplis par des véritables passionnés
C’est la face cachée de Wimbledon. Dans un immense parc, à 500 mètres à vol d’oiseau du All England Club, des centaines de tentes sont alignées de manière militaire. Ces campeurs, selon leur ordre d’arrivée à "The Queue", sont assurés de pouvoir acheter des billets sur les courts principaux.
Parmi ces courageux, on trouve deux "paires" françaises: Pierrick et son fiston Nino - venus de Châtellerault – et un couple du pays Basque, Kepa et Kim. "Ça fait un petit moment que ça me trottait dans la tête, explique Pierrick. On parcourt la France pour suivre des tournois, Nino vient de finir son brevet et j’ai préparé ça en sous-marin." Les emplacements des Frenchies sont contigus mais les premiers nommés ont un avantage non négligeable.
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Une place sur le court 1 à 90 livres
"On vient d’avoir notre 'queue card' et en arrivant dimanche à 10h, on n’est que 638e," annonce, un poil déçu, Pierrick. Les Basques sont encore moins bien lotis: "Nous, on a le numéro 774 mais on pouvait difficilement faire mieux. Samedi soir, j’étais au Stade de France pour la finale du Top 14. On a pris l’Eurostar et on est arrivés à 11h30…"
Ce bout de papier, distribué par les officiels, a son importance. Comme le veut la tradition, Wimbledon met en vente tous les jours 1500 tickets qui donnent accès aux trois grands courts. Les premiers arrivés auront le privilège d’avoir un siège très bien placé sur le Centre Court.
"Pour 105 livres, c’est un investissement mais c’est très correct", précise Pierrick.
Nino, le fiston, a analysé la composition de la queue et il a noté un imposant contingent brésilien. "Vu la programmation, ils vont vouloir le 1 pour encourager Joao Fonseca, on a nos chances", estimait-il dimanche soir.
Mais à l’aube, après un réveil à 5h30 pour ranger les tentes et les mettre à la consigne, le verdict est tombé. Ce sera le court numéro 1, pour un prix de 90 livres. Gangway 26, Row B, seat 30, exactement. Mais le plaisir d’avoir foulé les grilles du Temple est incomparable.

Kim, qui a offert la surprise à son chéri pour ses 30 ans, est fascinée par l’organisation très british. "On a participé au tirage au sort mais on n’a pas eu de chance. Il n’y avait plus le choix: il fallait venir camper… L’atmosphère est géniale, dit-elle. On a la chance d’avoir du beau temps. On n’est pas dans la gadoue. Question hygiène, c’est rudimentaire. Il y a des toilettes mais pas de douches. On fera une toilette de chat avec des lingettes." Cette "Queue", c’est aussi l’explication des tribunes bondées, contrairement à Roland-Garros et ses fameuses loges désertées…
"Le temple du tennis"
"Le fait de voir des sièges vides à Roland-Garros, c’est malheureux, lâche Pierrick. Voir Loïs Boisson entrer pour son quart de finale avec des trous dans les tribunes, c’est limite un manque de respect pour les joueurs."
"Le côté méritocratie de Wimbledon me plait", intervient Kepa.
Le Basque n’a pas attendu de participer à "The Queue" pour décréter que Wimbledon est le plus grand tournoi du monde. "C’est le temple du tennis." Il n’y a plus qu’à ouvrir les yeux, déguster les fameuses fraises à la crème et la journée sera divine. C’est le charme incomparable du Championships, dont la première édition a eu lieu en… 1877.