
Quand il parle, il dérape souvent. Cette fois encore, l'ancien sélectionneur des Bleus n'a pas failli à sa réputation, avec une sortie qui a provoqué un malaise palpable.
Raymond Domenech est un personnage. On le sait. Mais parfois, le personnage dépasse les bornes. Invité de l’émission L’Équipe de Greg ce mercredi, l’ancien sélectionneur a été interrogé sur la future Coupe du Monde à 48 équipes. Et sa réponse a jeté un froid. « Je ne comprends pas que des équipes comme l’Ouzbékistan et la Jordanie soient présentes », a-t-il lâché, avant de se sentir obligé de préciser, face à l’étonnement général : « Ce n’est pas raciste ».
Une question de « niveau » qui ne convainc pas
Si le plateau a choisi d’en rire, la sortie a de quoi choquer. Domenech a beau se défendre en parlant d’une simple « question de niveau », redoutant des scores fleuves, son argumentaire sonne faux. Il semble oublier l’essence même d’une Coupe du Monde : une fête planétaire, un brassage des cultures et des footballs, où la ferveur d’une « petite » nation qualifiée pour la première fois vaut toutes les démonstrations tactiques. Si la Jordanie est là, c’est qu’elle l’a mérité sur le terrain. Point.
Cette vision élitiste et centrée sur l’Europe trahit une forme d’aveuglement. Pour lui, ce qui est différent, ce qui sort du cadre habituel des grandes nations, semble forcément inférieur. Une pensée qui aurait fait bondir un certain Montaigne, qui nous rappelait déjà il y a des siècles que « chacun appelle barbarie ce qui n’est pas de son usage ».

Mondial 2010 : Raymond Domenech, déjà fâché avec les valeurs universelles du football, refusait de saluer son homologue sud-africain. Quinze ans plus tard, le mépris a juste changé de cible.
Domenech, un habitué des sorties de route
Ce dérapage n’est malheureusement pas une surprise. Il s’inscrit dans la longue liste des faits d’armes d’un homme qui semble parfois avoir du mal à saisir les codes du monde qui l’entoure. On se souvient de son refus de serrer la main de son homologue sud-africain, Carlos Alberto Parreira, après l’élimination pathétique des Bleus au Mondial 2010. Un geste qui, déjà à l’époque, avait montré son incapacité à comprendre que le football est aussi, et surtout, une affaire de respect.
Encore une fois, Raymond Domenech a raté une belle occasion de se taire. On se félicitait de ne plus le voir sur un banc de touche, on en viendrait presque à souhaiter qu’il s’éloigne aussi un peu des plateaux télé. Car ses analyses, au lieu d’éclairer le débat, ne font souvent que raviver des polémiques dont le football n’a vraiment pas besoin.