

Totalement remanié, avec un format différent et des grands noms du tennis mondial, le tournoi de double mixte de l'US Open a été loin de faire l'unanimité auprès des joueurs de double. Finalement remportée par les spécialistes Sara Errani et Andrea Vavassori, l'épreuve a cependant connu un fort succès populaire comme le souligne notre consultante Marion Bartoli, qui salue l'initiative.
A la fin, ce sont les mêmes qui gagnent. Tenants du titre, Sara Errani et Andrea Vavassori ont à nouveau remporté le double mixte de l'US Open, cette fois dans son format revisité, dans la nuit de mercredi à jeudi. Les spécialistes italiens l'ont emporté face aux stars de simple Iga Swiatek (2e mondiale) et Casper Ruud (12e mondiale) en trois sets (6-3, 5-7, 10-6).
"Cette victoire est pour tous les joueurs de double qui n'ont pas pu disputer ce tournoi", a revendiqué la Transalpine lors de la remise des trophées alors que le nouveau format a fait grincer des dents de beaucoup de spécialistes du double.
Les organisateurs du Grand Chelem new-yorkais avaient choisi cette année d'avancer l'épreuve du double mixte à la semaine des qualifications et de la raccourcir à deux jours de compétition.
Autre évolution notable: sur les seize paires engagées, huit ont rejoint directement le tableau principal grâce aux classements... de simple cumulés des deux partenaires au 28 juillet dernier. Les huit autres ont été invitées.
"Extrêmement positif pour le tournoi, les fans et les télévisions"
Malgré de nombreux forfaits de dernière minute, comme celui du numéro un mondial Jannik Sinner, le nouveau format a rencontré un fort intérêt du public, comme le souligne Marion Bartoli.
"Forcément, c'est innovant, ça n'a jamais été fait auparavant par d'autres tournois du Grand Chelem. Pour avoir commenté moi-même la finale du double mixte de l'US Open l'année dernière, j'ai trouvé que l'engouement cette année était bien plus important dès les premiers matchs. Le court Louis Armstrong et le court Arthur Ashe étaient déjà pleins, ce qui n'a jamais été vu auparavant, même sur des finales de double mixte", expose la consultante RMC Sport. "Donc ça, c'était vraiment un élément extrêmement positif pour le tournoi, pour les fans et donc pour les télévisions qui ont aussi diffusé ces matchs."
Les règles aussi ont été remaniées. À l'exception de la finale, les matchs se sont déroulés en deux sets de quatre jeux, sans avantage à 40-40 et avec un super tie-break en guise de manche décisive. Une évolution positive selon la vainqueure de Wimbledon en 2013, et ce, à la fois pour les diffuseurs, les spectateurs, mais aussi les joueurs. "(Avec l'ancien format) ce n'était pas facile parce qu'on avait des horaires de match de simple qui pouvaient être décalés. Donc, pour notre audience, c'était même parfois un petit peu compliqué. Et je pense que pour les joueurs, d'avoir un format peut-être un petit peu plus raccourci, ça les engage aussi à plus s'engager dans cette compétition."
"Un feedback sera nécessaire"
Mais si ce nouveau format ne fait pas l'unanimité, c'est parce que de nombreux spécialistes de la discipline ont été mis à la porte. "On regrette qu’on nous enlève l’opportunité de jouer un tournoi du Grand Chelem. (...) Je pense que ça aurait été plus sympa d’inviter les meilleurs joueurs de simple mais de laisser des places pour les joueurs de double les mieux classés, pour faire une compétition entre tout le monde", nous confiait Edouard Roger-Vasselin. "C'est sûr qu'un format comme ça, on ne peut pas l'appeler tournoi du Grand Chelem. C'est vraiment un tournoi d'exhibition. Je ne peux pas concevoir que ça prenne la place du vrai tournoi du Grand Chelem."
"Je comprends totalement qu'effectivement, il y ait des joueurs de double qui aient l'impression d'être lésés sur ce qu'on appelle l'entry list, c'est-à-dire les joueurs et les joueuses qui sont acceptés", reprend Marion Bartoli, qui estime tout de même qu'il y avait "un bon mix entre des joueurs qui ont un gros pedigree en simple, mais qui sont aussi capables de très bien jouer en double, et des joueurs plus spécialisés pour le double."
En plus de la paire Errani-Vavassori, victorieux ensemble de l'US Open en 2024 puis aussi de Roland-Garros cette saison, la numéro une mondiale en double Taylor Townsend (associée à Ben Shelton, 6e en simple) et Jessica Pegula, 4e en simple et vainqueure de sept titres en double, étaient aussi engagées. "Après, il est vrai que sur le ressentiment général, il faudrait plus poser cette question à des joueurs en activité pour qu'ils vous disent vraiment la pensée des joueurs dans les vestiaires", tempère Marion Bartoli.
Et de poursuivre: "Je pense que c'est aussi quand même une formule test. Je pense que l'US Open va se réunir après le tournoi pour discuter avec les joueurs de leur impression générale, si ça les a vraiment handicapés ou s'ils étaient contents, s'ils désirent le refaire. Je pense qu'il y aura quand même un feedback qui sera nécessaire après le tournoi." Affaire à suivre, donc.