US Open: "Le tennis n’évolue pas dans le bon sens", la frustration des spécialistes du double mixte, évincés au profit des stars du simple

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Par: RMC sport tennis Posté le: Août 20, 2025 Voir: 1

La décision de faire jouer des stars du tennis en double mixte à l’US Open promet un fort intérêt du public. Mais du côté des spécialistes du double, qui n’ont par conséquent pas été conviés au tournoi du Grand Chelem, l’incompréhension domine, comme l'expliquent Edouard Roger-Vasselin et Estelle Cascino.

En associant des stars du tennis telles que Carlos Alcaraz, Iga Swiatek ou Naomi Osaka, les organisateurs de l'US Open semblaient vouloir dépoussiérer une épreuve boudée par les spectateurs et offrir un spectacle alléchant au public. Mais en conviant les joueurs les plus en vogue, ils ont aussi évincé les spécialistes du double.

Parmi eux Edouard Roger-Vasselin. "Évidemment qu’on est déçus", confie-t-il. Même si on comprend que c’est plus intéressant d’avoir Alcaraz et Raducanu plutôt que Roger-Vasselin et je ne sais qui. C’est évident qu’il y aura plus de public. Mais on regrette qu’on nous enlève l’opportunité de jouer un tournoi du Grand Chelem. J'ai eu la chance de gagner Roland-Garros en mixte l'année dernière et ça reste l'un des meilleurs moments de ma carrière. Je pense que ça aurait été plus sympa d’inviter les meilleurs joueurs de simple mais de laisser des places pour les joueurs de double les mieux classés, pour faire une compétition entre tout le monde. Moi, j’aurais été ravi de jouer contre Alcaraz et Raducanu."

"Je pense qu’ils font une expérience" 

Dans cette nouvelle formule de double mixte, les règles du tennis ont elles aussi été quelque peu modifiées: un tournoi sur deux jours où le match se joue au meilleur des trois sets… de quatre jeux. L’avantage a été supprimé et un tie break départage les paires en cas de quatre jeux partout dans un set. "C'est sûr qu'un format comme ça, on ne peut pas l'appeler tournoi du Grand Chelem", assure Edouard Roger-Vasselin. "C'est vraiment un tournoi d'exhibition. Je ne peux pas concevoir que ça prenne la place du vrai tournoi du Grand Chelem."

Pour Estelle Cascino, elle aussi spécialiste du double, "le tennis n’évolue pas dans le bon sens". "Je pense qu’ils font une expérience", explique-t-elle. "Ça fait plusieurs fois qu’on entend dire 'il faut que le tennis aille plus vite pour les spectateurs, pour ci, pour ça…' Je ne trouve pas ça normal de prendre le double pour essayer quelque chose de nouveau. Ce qu’il se passe à l’US Open, c’est fait exprès. C’est juste pour dire aux joueurs de double: 'Attention, dans quelques années il n'y en aura plus!'. Moi, ce dont j'ai peur, c'est que les trois autres Grands Chelems fassent la même chose l'année prochaine." 

Pour les spécialistes du double, cette éviction de l’US Open a aussi des conséquences financières: "Ce n'est pas la première chose qui me vient à l'esprit, mais c'est vrai que si on est très pragmatique, ça enlève un petit manque à gagner", explique Edouard Roger-Vasselin. En double mixte, les paires gagnent de l’argent en fonction de leur parcours dans chaque tournoi du Grand Chelem. "Il n’y a que quatre tournois par an où l’on peut jouer en double mixte", rappelle Edouard Roger-Vasselin. "Donc, évidemment, il y a un peu d’argent en jeu, mais, n’en rater qu’un, ça ne change pas toute la donne sur la saison. Par contre, si les quatre tournois du Grand Chelem venaient à arrêter d’ouvrir le double mixte aux spécialistes, là, ça peut faire la différence." 

"Peut-être que si j’avais été Alcaraz, j’aurais fait la même chose"

Pour attirer les plus grandes stars, l’organisation de l’US Open n’a pas hésité à mettre la main au porte-monnaie: 1 million de dollars de prize money pour la paire sacrée (à partager entre les deux joueurs), contre 200.000 dollars en temps normal. "C'est vrai que, d'un coup, on se dit qu'il y a peut-être moyen d'augmenter les prize money sur d'autres disciplines", ironise Edouard Roger-Vasselin. "Les stars se disent 'ça va être sympa de jouer en double mixte', mais on sait que c’est aussi parce qu’il y a une belle carotte au bout. Je pense que si le prize money avait été de 200.000 dollars, beaucoup se seraient désistées."

Mais quand on demande à Edouard Roger-Vasselin et à Estelle Cascino s’ils ont l’impression que des joueurs qui n’ont pas de problème financier privent les plus petits joueurs, souvent précaires, d’une source de revenu, la rancœur n'est pas de mise. "Évidemment, laisser l'opportunité uniquement aux meilleurs qui gagnent déjà très très très bien leur vie, c'est un petit peu dommage", avoue Edouard Roger-Vasselin. "Mais, en même temps, ce sont eux qui ramènent les sponsors, la visibilité… donc je ne vais pas cracher dans la soupe. C’est aussi grâce à eux que tous les événements se portent bien et qu'il y a du monde qui aime regarder le tennis." "Pour être honnête, peut-être que si j’avais été Alcaraz, j’aurais fait la même chose", confie Estelle Cascino. "En fait, le problème, ce n'est pas Alcaraz, ce n'est pas le choix qu'il a fait. C’est l'organisation, les sponsors… C'est le haut du panier."

Au-delà de ces considérations, il y a aussi l’aspect purement sportif: un excellent joueur de simple peut ne pas être aussi bon lorsqu’il joue en double. "On l'a notamment vu aux Jeux olympiques, avec la paire Alcaraz-Nadal qui faisait rêver et qui a perdu contre deux joueurs américains de double", rappelle Edouard Roger-Vasselin. "Avec quelques ajustements, évidemment qu’ils deviendraient sans doute les meilleurs joueurs du monde en double, mais, actuellement, les joueurs de simple se concentrent sur leur carrière en simple."

Deux carrières qui s’entrechoquent également au niveau du calendrier: à peine quelques heures après avoir remporté le Masters 1000 de Cincinnati et quelques jours avant le début du tournoi de simple à l’US Open, Carlos Alcaraz jouait en double avec Emma Raducanu. "C'est évident que ces joueurs ne vont pas prendre le risque de se faire mal ou d'aggraver une éventuelle petite blessure pour le double mixte, donc le timing n'est pas très bon", estime Edouard Roger-Vasselin. "Leur priorité reste de gagner l’US Open en simple, je les vois mal se battre sur toutes les balles. Ça reste une exhibition."

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Les demi-finales du double mixte à l’US Open auront lieu ce mercredi. Jessica Pegula et Jack Draper affronteront Iga Swiatek et Casper Ruud, tandis que Danielle Collins et Christian Harrison feront face à Sara Errani et Andrea Vavassori. 

Camille Beaurain

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