

A seulement 18 ans, Victoria Mboko a créé la sensation en remportant le WTA 1000 de Montréal, devant son public, dans la nuit de jeudi à vendredi. La Canadienne, bénéficiaire d'une wild-card, a pris le meilleur sur Naomi Osaka en finale (2-6, 6-4 ,6-1) et pointe désormais à la 24e place mondiale.
Il y a deux mois, le public français vibrait avec l'épopée de Loïs Boisson jusqu'en demi-finales de Roland-Garros. Ces douze derniers jours, c'était au tour du public canadien de s'enflammer pour sa jeune pépite Victoria Mboko, 18 ans. Bénéficiaire d'une wild-card et 85e mondiale avant le début du tournoi (WTA 1000), la sensation canadienne a remporté à Montréal, dans la nuit de jeudi à vendredi, son premier titre sur le circuit principal.
Et pas contre n'importe qui puisqu'elle a disposé de son idole de jeunesse Naomi Osaka, ancienne numéro une mondiale et double vainqueure en Grand Chelem (2-6, 6-4, 6-1). La Japonaise n'est pas sa seule victime de prestige: elle s'est offert trois autres joueuses titrées en Grand Chelem sur son parcours - Elena Rybakina en demi-finales (en sauvant une balle de match), la numéro deux mondiale Coco Gauff en huitièmes, et Sofia Kenin au 2e tour.
"Montréal, je vous aime", a lancé, en français à l'issue d'un discours en anglais, celle qui baigne dans le tennis depuis toute petite.
Ses parents ont fui la République démocratique du Congo
En 1999, Cyprien Mboko et sa femme ont fui la République démocratique du Congo et le régime de Mobutu, direction les Etats-Unis. C'est sur le sol américain, en Caroline du Nord, que naît Victoria Vanessa Mboko, le 26 août 2006.
Puis la famille composée de quatre enfants - dont elle est la petite dernière – s'établit au Canada, à Burlington (Ontario) lorsqu'elle a quatre ans.
Le tennis, une histoire de famille chez les Mboko
Si elle a pratiqué différents sports, dans sa tête, "ça a toujours été le tennis", se rappelle Victoria Mboko dans des propos rapportés par L'Equipe. Les deux premiers enfants de la fratrie, Gracia et Kevin, ont atteint un très bon niveau puisqu'ils ont joué en université américaine tandis que le troisième, David, a dû arrêter à 16 ans à cause d'un problème à l'œil.
"J'ai un peu grandi sur un court de tennis, mes parents ne pouvaient pas me traîner ailleurs", raconte la Canadienne. Comme ses frères et sœur, elle a été formée par son père, grand fan de tennis qui adorait regarder Andre Agassi, Jim Courrier ou encore Steffi Graff, même s'il ne jouait pas lui-même.
Enfant, Victoria Mboko vit des journées à 100 à l'heure. Réveil à 5 heures du matin, entraînement de 6h à 8h, école jusqu'à 14h, nouvel entraînement de 14h30 à 16h30 et, enfin, un entraînement physique… Le tout sous l'œil attentif d'un père hyper investi, qui travaillait parfois de nuit pour pouvoir être présent, et "très strict avec mon tennis, ma façon de jouer et de me comporter".
Passée par des structures renommées
Initiée au tennis par son père, Victoria Mboko s'est ensuite entraînée sous la houlette du Québécois Pierre Lamarche, qui dirige une académie au Canada. Puis, en 2019, elle part à la renommée IMG Academy en Floride. Mais la pandémie de Covid la contraint de revenir au Canada où elle est notamment suivie par l'ancien joueur professionnel Simon Larose (149e à son meilleur).
En 2024, elle prend la direction de la Belgique et de l'académie de Justine Henin, où un médecin belge aurait trouvé les raisons de ses douleurs récurrentes au genou – une différence de force entre ses deux hanches. Là-bas, sur terre battue, elle travaille sa vitesse de déplacement et sa puissance de frappe avant de revenir une nouvelle fois au Canada en fin d'année en raison du "mal du pays". Depuis, elle travaille avec la Française Nathalie Tauziat, ex-numéro trois mondiale et finaliste à Wimbledon en 1998, au sein de la fédération de tennis canadienne.
Une cogneuse qui "détestait perdre"
Au moment d'évoquer la jeune joueuse, tous ceux qui ont croisé son chemin sont unanimes. "Elle entre sur le court sans hésiter. On sait qu'elle croit en sa capacité à gagner et elle le prouve", expose Sarah Kadi qui travaille à Tennis Canada en tant que coach et qui l'a accompagnée à un tournoi lorsqu'elle avait huit ans. "Elle était sûre d'elle et voulait gagner dans tous les domaines".
"Elle détestait le sentiment de perdre. C’est ce qui la motivait encore plus à gagner. [...] Pour elle, le tennis n’était pas une affaire tactique. C’était frapper une balle pour gagner et, surtout, pour battre sa sœur" de dix ans son aînée, renchérit Pierre Lamarche.
Même constat du côté de Nathalie Tauziat. "C'est vraiment un point positif, quand vous coachez une joueuse, qu'elle ait cette haine de la défaite. Même si elle est menée, elle peut retourner un match. Elle se bat jusqu'au bout", loue sa coach actuelle qui la qualifie comme quelqu'un de "calme" et qui prend "la défaite comme la victoire sans s'enflammer, dans un sens ou dans l'autre". "On savait qu'elle avait un potentiel mais ce qu'on ne savait pas c'est que ça allait arriver si vite", s'étonne-t-elle.
Une ascension vertigineuse en 2025 après plusieurs blessures
Très prometteuse chez les juniors (deux demi-finales en Grand Chelem et une finale en double à l'Open d'Australie), Victoria Mboko a vu sa progression être freinée par plusieurs blessures au genou ces dernières années. 350e mondiale à la fin de la saison dernière, elle pointe désormais au 24e rang mondial ce vendredi. Un bond largement dû à sa folle semaine à Montréal, mais pas que.
La Canadienne a remporté… ses quatre premiers tournois de l'année, sur le circuit secondaire, alignant 22 victoires d'affilée. Un début de saison tonitruant qu'elle a confirmé sur le circuit principal à Roland-Garros en mai: elle avait alors atteint le 3e tour du Grand Chelem parisien après être sortie des qualifications, le tout sans perdre un set. Elle ne s'était inclinée que face à la championne olympique Qinwen Zheng. La Canadienne, qui a gagné 23 de ses 28 derniers matchs, sera tête de série à l'US Open.