

Personne n'aurait pu le prédire. Pas même elle. Loïs Boisson, 22 ans, 361e mondiale et invitée à disputer son premier tableau final en Grand Chelem, est en demies de Roland-Garros 2025. Bluffante, la Dijonnaise a confirmé son exploit de lundi contre la n°3 mondiale Jessica Pegula en réalisant un nouvel exploit ce mercredi face à la n°6, Mirra Andreeva. En deux sets 7-6(6), 6-3, Boisson a fait plier la Russe pour devenir la première Française dans le dernier carré du tournoi parisien depuis Marion Bartoli en 2011, il y a 14 ans. Une belle récompense pour celle qui avait manqué l'édition 2024 en raison d'une grave blessure au genou, l'éloignant des courts pendant neuf mois. Jeudi, face à Coco Gauff, elle essaiera de prolonger le rêve. Virtuellement 65e, elle est déjà assurée de devenir la n°1 Française et pourrait grimper à la 35e place avec une nouvelle victoire.
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"Je ne lis pas les réseaux sociaux, je reste dans ma bulle"
Cela a été vraiment une sensation. Tu es maintenant 65e mondiale. Tu pourrais avoir une wild card pour Wimbledon et disputer d’autres tournois. À quel point est-ce excitant pour toi, ta carrière ? Et il y aura des retombées pour toi pour la suite.
Je ne pense pas au classement, à Wimbledon, à la suite. J'essaie de rester concentrée sur ce tournoi, maintenant, de savourer tous les moments vécus sur le court et hors du court ; et on gardera la suite pour plus tard. Pour l'instant, je veux me préparer au match de demain.
Loïs, c'était un exploit incroyable ! Comment as-tu pu gérer l’attention, les médias, le public. Est-ce naturel, pour toi, d'être sous les projecteurs ou as-tu dû te préparer pour gagner continuellement dans ce tournoi ?
Je dois rester dans ma bulle. Je dois rester concentrée sur le tournoi. Je dois laisser de côté tout ce qui est en dehors. Je ne lis pas les réseaux sociaux, tout le reste. Je reste concentrée. Tout le reste, on le verra plus tard.
"Je ressens de la pression, mais je peux la gérer"
Loïs, beaucoup de joueurs français ont trouvé difficile, dans le passé, de bien y arriver à Roland-Garros, à cause de la pression. Pourtant, toi, il semblerait que tu y parviennes sans pression.
Tous les joueurs subissent de la pression. La plupart des joueurs français qui jouent à Roland-Garros, oui, c'est sûr, mais il faut gérer cette pression. Sinon, on ne peut pas gagner un match. Donc, j'essaie de faire de mon mieux. Je ressens de la pression, mais je peux la gérer.
Question sur le public. Tout le monde dans la salle serait horrifié d'apparaître devant 15 000 personnes. Comment gères-tu cela, parce qu'on ne peut pas se préparer pour ce genre d'ambiance ?
Le public ne me met pas de pression parce qu'il est acquis à ma cause. J'adore jouer sous les vivats du public, de les entendre scander mon nom. Pour moi, c'est un plus, ce n'est pas une pression, mais aussi, c'est difficile pour d'autres joueuses d'autres pays. Pour moi, c'est agréable de les avoir avec moi.
"Ce n'est pas un miracle"
Félicitations sur ta performance excellente ! Certains ont dit : « Oh, quel miracle ! Quel miracle ! » Crois-tu dans les miracles ou penses-tu que cette performance est le résultat de travail acharné et de compétences ?
Non, ce n'est pas un miracle. Bien sûr, il y a de la chance mais, comme vous l'avez dit, il y a aussi beaucoup de travail. Depuis que j'ai commencé à jouer et également l'année dernière, lorsque j'ai fait la « physio », j'ai travaillé d'arrache-pied pour arriver à ce niveau, rien d'autre.
Félicitations sur ton parcours ! Quand tu étais enfant, est-ce que tu as jamais rêvé que quelque chose comme cela se produise à Roland-Garros ? Et est-ce que la réalité est au niveau de tes rêves ?
Tous ceux qui jouent au tennis rêvent de remporter un Grand Chelem ; et bien sûr, un joueur français rêve de remporter Roland-Garros. Donc, c'est un rêve, c'est sûr et je vais essayer de concrétiser mes rêves. Mon rêve n'est pas d'atteindre la demi-finale, mais de remporter le Grand Chelem. Je vais donc faire de mon mieux pour y parvenir.
"La Marseillaise, j'ai eu des frissons"
Bravo pour ta victoire encore ! Une victoire incroyable ! Quand tu entends les nombreux « allez Loïs », la Marseillaise à l’échauffement, as-tu le temps d'apprécier ces chants ? Comment tu tournes cela en énergie positive pour ton jeu ?
Oui, la Marseillaise à l'échauffement, je ne m'y attendais pas. Sur le moment, limite, j'ai eu un peu des frissons. Non, pour moi, c'est génial d'avoir le public comme cela pour soi. C'est vraiment un plus. Après, même si parfois il y a du bruit entre les points et tout, au final, on ne va pas se plaindre parce qu'ils sont pour nous. C'est vraiment incroyable. Ils nous poussent vraiment beaucoup.
A la fin du match, tu es tombée à la renverse, tu t'es allongée au sol. Jusqu'à maintenant tu avais tout contenu, même quand tu avais gagné ; c’était assez sobre, il n'y a pas un cri. Est-ce que cette fois c'est tellement énorme que, finalement, ça t'a un peu emportée et que tu te dis : « C'est une demie », c'est encore différent d'un quart et que cela devient encore énorme et que tu prends conscience de cela ? Est-ce la raison pour laquelle tu es tombée à la renverse ?
Non, pas forcément. J'ai célébré après chaque match, mais pas forcément de cette manière ; je ne vais pas non plus m'allonger par terre après tous les matchs. C’est juste que là, j'étais assez tendue sur ce match. J'ai retenu pas mal pendant tout le match et voilà, je pense qu'il fallait que ça sorte. C'est tout.
"Avant, j'étais nerveuse et très émotive..."
Tes anciens entraîneurs te décrivaient comme une jeune joueuse qui avait tendance parfois à piquer des colères. Aujourd'hui, sur le court, on te trouve très calme, quelle que soit la situation. Comment as-tu fait pour passer ce cap ?
Quand j'étais petite et quand je commençais le tennis et même pendant pas mal d'années, j'étais assez nerveuse sur un terrain, très émotive, beaucoup trop et ça me desservait beaucoup. J'ai juste compris à un moment donné que je n'irais pas très loin si je continuais comme ça. Comme j'avais déjà dit aussi, pendant ma blessure, j'ai énormément travaillé sur moi-même, j'ai eu le temps. Je pense que ça m’aide aujourd'hui et j'arrive à gérer mes émotions.
Pas mal d'observateurs trouvent que tu as vraiment un jeu assez unique sur le circuit WTA avec notamment ce coup droit très lifté qui gêne tes adversaires et les fait dérailler. Est-ce que tu observes ça aussi, tu as le sentiment d'avoir des armes uniques ?
Mon jeu a toujours été comme ça, avec beaucoup de variations. Après, forcément, plus je m'entraîne, plus les années passent et plus je peux perfectionner mon jeu. En coup droit, peut-être que la balle est un peu différente des autres filles, mais j'ai toujours joué comme ça. C'est juste qu'au fil des années et des entraînements, plus je vais en faire, mieux il sera.
Quand vous dites que vous avez travaillé sur vous-même pendant votre longue absence, est-ce que vous pouvez détailler un petit peu le genre de travail que vous avez accompli ?
Non, pas vraiment. C'est un travail avec une psy ; ce sont juste des discussions, de prendre conscience des choses et qu'au final, après, on peut reproduire sur un court de tennis. C'est juste prendre conscience des choses et les mettre en place.