

Frances Tiafoe n'a toujours pas lâché un set à Roland-Garros. Ce dimanche, l'Américain a dompté en huitièmes Daniel Altmaier, 6-3, 6-4, 7-6(4). Tiafoe est en quarts et peut avoir de belles ambitions Porte d'Auteuil. Rappelons qu'avant ce Roland-Garros, Tiafoe n'avait gagné que quatre matchs en neuf participations. Il a fait aussi bien en une seule édition cette année... Ce Frances là ne semble plus avoir de limite. Lorenzo Musetti est prévenu...
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"Je suis à mon meilleur niveau et les résultats continuent d’arriver"
Félicitations, Frances. Tu n'as pas perdu un seul set pour te qualifier à ton premier quart de finale en Grand Chelem en dehors du dur. Comment est-ce que tu te sens ?
Je me sens bien, très bien. C'est une statistique assez dingue, honnêtement. Il y a les victoires et ce que tu as dit sur les sets, je préfère quand cela se passe comme cela de pouvoir quitter le court le plus rapidement possible que des matchs longs en 5 sets. C'est un avantage que je continue à garder et j'en suis content.
Est-ce que tu as l'impression que tu as joué de façon assez incroyable comme cette statistique l’a suggéré de ne pas perdre un set avant un quart de finale en Grand Chelem ?
Je joue super bien. J'ai l'impression de traverser une bonne période, j'arrive à être très agressif dans mon jeu, je fais les choses simplement à l'heure actuelle, je joue comme il faut. C'est un peu ce que je ressens sur le court. Je suis à mon meilleur niveau et les résultats continuent d’arriver.
Je sais que tu as déjà dit que tu avais l'impression que, dans tes bons jours, tu pourrais battre n'importe qui. Est-ce que tu as l'impression que l'écart entre toi et le top du classement est en train de se réduire ou est-ce plutôt un phénomène du bon jour, au bon moment de la bonne ambiance et du bon court qui te correspond et qui te permet d'amenuiser cet écart ?
Je pense que la différence entre moi et les plus grands joueurs cela dépend du jour. Je ne pense pas que ce soit un problème de grands joueurs. C’est l’ensemble des joueurs. Si on prend mon adversaire, je suis beaucoup plus à l’aise contre ceux qui sont meilleurs que moi plutôt que les autres. Je suis plus fiable et je ne perds pas contre ces gars-là toutes les semaines mais je perds contre tous les autres. Jouer contre les meilleurs, ce n’est pas ce qui m’inquiète. Ils ne me font pas peur. Je n’ai pas vraiment l’impression que leur niveau soit tellement meilleur que le mien. Je sais de quoi je suis capable certain jour, mais remporter des matchs comme celui d’aujourd’hui cela me donne énormément de confiance. Comme cela a toujours été mon talon d’Achille, j’en suis hyper content, là, tout de suite.
"Quand je joue bien, je suis présent, je m’amuse et je crois que je n’ai plus beaucoup de limites"
Bonjour, Frances. Peut-être que c'est une question à laquelle il est impossible de répondre, mais je vais essayer quand même. Est-ce que tu peux penser à un moment au cours de la semaine qui vient de s'écouler où tu t'es dit : j'en suis capable en fait. Est-ce que tu as eu un déclic pendant un match en particulier pendant un entraînement ou en dehors du court même ? Est-ce qu’il y a eu quelque chose de particulier qui t'a donné l'impression que les choses allaient bien se mettre en place ?
Je l’ai dit l’autre jour. J’ai cassé une raquette quelques jours avant le tournoi. Je retenais vachement mes émotions en essayant d’être positif. J’ai eu un super mauvais entraînement quelques jours avant, puis un autre entraînement. Je faisais des sets avec un gars et il m’écrasait. Ensuite j’ai réussi de trouver un moyen de gagner ce set et j’ai dit à mon équipe que c’était une journée importante. Non seulement, j’ai ressenti ce que j’ai ressenti mais en plus j’ai trouvé des solutions en temps réel. Pas après coup à me dire j’aurais pu faire ci ou ça. Après ça, j’ai vraiment fait face à ce qu’il se passait. Je me suis dit : cela n’a pas été marrant. J’ai beaucoup voyagé et ce n’était pas marrant mais j’ai fait face. Après, cela m’a permis de trouver l’espace pour juste jouer. Quand je sais jouer, je sais jouer. Ce n’est pas nouveau. Quand je joue bien, je suis présent, je m’amuse et je crois que je n’ai plus beaucoup de limites.
Je voulais te poser une question sur ce sujet. On voit que sur le court, tu montres tes émotions, mais est-ce que cela peut se passer que tu retiennes ces émotions et que cela aggrave la situation ?
Parfois, quand on voit celui qui a l'air toujours content et qu'on lui demande comment il se sent, ce gars qui a toujours le sourire, qui est toujours positif. Je ne me plains jamais. C'est un peu le même phénomène. Vous pouvez être au plus haut niveau, et cela peut être aussi très frustrant de ne pas y parvenir. Ce qui est dingue au sujet du tennis, c'est que tout peut se passer. Et à un moment vous pouvez vous retrouver dans cette salle, qualifier pour les quarts. Il se passe beaucoup de choses pendant 8-9 mois mais d’un seul coup cela n’a plus d’importance, mais le tennis peut être très frustrant. Il faut aussi mettre les choses dans leur contexte.
Est-ce que tu penses que cela te met la pression quand il y a de hautes attentes ? Est-ce que tu te demandes qui sera ton prochain adversaire ? Est-ce que tu as l'impression que, qui que soit ton prochain adversaire, Musetti ou Rune, tu n'as rien à perdre et que tu peux donner ton maximum ?
Je ne sais pas s'il y a quelque temps j'aurais pu imaginer que je me trouverais dans cette situation, mais en même temps, je me dis que quitte à être là je pourrais tout aussi bien gagner. Je me sens bien, donc autant continuer à gagner. C'est vraiment sympa de gagner. Une fois que je suis lancé, je pense que je peux être dangereux. Je me sens bien dans mon jeu.
"Je me suis bien foutu de Coco Gauff..."
Je suis curieux par rapport à Hailey. Au 9e jour de Roland-Garros, il y a deux joueurs originaires de Washington. C’est assez rare. Je t’interrogeais à son sujet la dernière fois. Maintenant qu’elle va jouer contre Keys, est-ce que tu penses qu’elle va pouvoir aller plus loin ?
Oui, je suis très proche de Hailey mais aussi des autres joueurs. Ce n'est pas un secret. Cela va être un match très difficile parce qu'elle va jouer contre Madison. C'est un match qui va se déterminer sur le moment. On verra ce qu'il se passe. Cela pourra aller dans les deux sens. Cela va être dur. Madi est incroyable. Elle est confiante. Elle a fait un coup gagnant en revers pour sauver des balles de match ce qui montre à quel point elle est confiante. Elles joueront sur le Lenglen. Cela va être incroyable. J’espère qu’elle sera à la hauteur. Elle n’a jamais joué sur un court si grand. J’espère que cela ne sera pas trop pour elle mais ce sont des moments fous.
Est-ce que tu pourrais citer un élément de ton jeu qui t'a le plus plu dans ta façon de jouer ?
C'est la vitesse. J'ai joué vite. J'étais rapidement sur les balles. J'ai abattu les balles. Je n'ai pas cédé de terrain, les retours sur 2e service et je n'ai pas perdu de temps à courir partout. J'étais simplement rapide. J'ai joué le bon tennis pour la terre battue. Même si ce n'est pas forcément ce qu'il y a de mieux quand on commente sur les courts, sur les conditions, il faut juste que je m'engage sur chacun des échanges.
En ce qui concerne le dur et la terre battue, est-ce que ce sont les conditions qui te permettent de le faire parce que les balles n'ont pas été trop humides ou tu le fais quoi qu'il arrive ?
C'est sûr que les conditions me permettent d'aller plus vite, de mieux me déplacer. Je vois mieux le court dans ces conditions. Il y a plus de profondeur et je sais que cela va plus vite aussi. Ça laisse moins de temps à votre adversaire pour se trouver en position de force. Dans ces conditions, je suis plus facilement en position de gagner.
Au cours de l'heure ou des deux heures qui viennent de s'écouler, tu as reçu beaucoup de messages. Est-ce que tu as l'impression que ce que tu as accompli est important et qu'il se passe quelque chose ?
En fait, c'est un peu la même chose que ce qu'il s'est passé la première fois. Vous gagnez un match, vous avancez dans un Grand Chelem. Les gens vous envoient des messages, ils sont contents. Encore une fois, je garde les pieds sur terre. Les quarts de finale, ce n'est pas la fin du tournoi. Il faut continuer à avancer. Je suis content que tout le monde se réjouisse et que mon téléphone sonne de tous les côtés mais ce qui est le plus important c'est la prochaine étape. Un jour de repos et ensuite, on verra qui gagne.
Cela fait quelques tours maintenant, mais je voulais vérifier ce que cela faisait de voir Coco oublier ses raquettes sur le court.
Incroyable ! J’ai adoré. C’est la première fois que je la voyais depuis aujourd’hui et je me suis bien foutu d’elle. Elle faisait l’imbécile à Indian Wells et elle n’arrêtait pas de me dire : « je n’arrive pas à croire que tu sois en train de faire cela ». Elle était là à secouer son sac comme si c’était une boîte de biscuits vide sur le Chatrier. Je lui disais : qu’est-ce que tu fais ? La seule personne présente c’était le mec de New Balance. Elle le regardait et le mec lui répondait : tu portes des New Balance, c’est quoi le problème ? C’était incroyable. Je vais continuer à me moquer d’elle. Je n’ai jamais vu une n°2 mondiale arriver avec un sac vide. C’était incroyable. C’est important ces évènements parce que cela montre qu’on est humain. Les gens font des erreurs, que ce soit elle ou son équipe. C’était marrant, surtout qu’elle essaie toujours d’avoir l’air mature. Je suis content que ça lui soit arrivé à elle. J’espère que cela arrivera encore.