Pour la première fois dans sa carrière, Elsa Jacquemot est au troisième tour d'un tournoi du Grand Chelem ! Et quoi de mieux que de le faire devant son public, à Roland-Garros. Pourtant, la lyonnaise de 22 ans, 138e mondiale et bénéficiaire d'une wild-card, s'est fait peur ce jeudi. Alors qu'elle a servi pour le gain du match dans la deuxième manche, Jacquemot a raté trois balles de match mais n'a rien lâché et a fini par battre l'Américaine Alycia Parks en trois sets, 6-2, 6-7(4), 6-1. Au prochain tour, elle affrontera sa compatriote Loïs Boisson, qui a également créé la surprise en dominant l'Ukrainienne Anhelina Kalinina. Une Française sera donc en 8es.
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"Je n'ai pas envie de m'arrêter là"
Est‑ce que tu peux nous raconter un peu ce qui s'est passé dans ta tête à la fin du deuxième set ? Tu t'es beaucoup retournée vers ton clan, parfois, tu avais le regard très noir. Est‑ce que tu peux nous raconter un peu tout ce moment ?
Merci. Oui, cela n'a pas été évident, ce match. Je suis passée par des hauts, des moments d'émotion, et des très bas. Dans le deuxième set, je perds ce second set en ayant des balles de match. Je ne sais plus si j'en avais deux ou trois. Donc, forcément, je commence à stresser, à vouloir enchaîner vite les points. Mon clan, j'essayais qu'il m'aide, mais il ne pouvait pas, parce que j'étais trop dans mes émotions. Je m'écoutais trop, et cela a été vraiment dur pour moi. Après, je suis contente, parce que si on prend l'ensemble de ce match, premier set, je joue vraiment bien, je suis bien dedans. Elle, c'est quelqu'un qui, peut‑être, n'est pas forcément bien sur terre, parce qu'elle envoie des balles très lourdes, et très fortes.
Deuxième set, j'ai balle de match. Je perds ce second set, où je vais vite. On voit que je suis un peu plus, je ne vais pas dire « négative », mais je suis moins sereine, on va dire. Je m'impressionne, parce que dans le troisième set, ce n'est pas évident de garder son sang‑froid, son calme, alors que l'on sait qu'il y a des gros enjeux, on sait que ce n'est pas évident. Je suis contente de m'être sortie, je suis vraiment fière de m'en être sortie, parce que ce n'était pas évident pour moi, d'avoir cette attitude, de toujours être positive, de me dire : ok, tu repars à zéro, il y a un set partout, mais lâche rien, on est à Roland, tu as une invitation ici, tu sais que tu peux le faire, tu peux gagner ce match, donc essaye de rester positive, de te battre, d'aller au bout de toi‑même. Je suis contente de m'en être sortie.
À ce moment de votre carrière, il signifie quoi, ce troisième tour qui arrive ?
Cela signifie beaucoup, mais pas beaucoup en même temps, parce que j'ai de grandes ambitions, on va dire. Je suis contente, c'est la première fois de ma carrière que je suis en troisième tour d'un Grand Chelem. C'est en France, c'est à Roland, donc forcément, cela me fait plaisir. Le public est à fond derrière nous, donc c'est super cool, j'adore ça.
Après, je n'ai pas envie de m'arrêter là, je n'ai pas envie de voir tout l'arrière du truc en me disant : tu es dans un troisième tour. J'ai juste envie de me dire : ok, tu as encore un match, tu as la chance de rejouer un match, essaie de te préparer à fond. Je joue une Française, que je connais bien, qui est de mon âge. Je vais essayer de me préparer à fond, parce que je ne joue pas demain, pour être au max sur mon match du troisième tour.
"Ce n'est pas évident de jouer une Française à Roland"
Tu vas jouer une Française, Lois Boisson, que tu connais bien. Est‑ce que tu peux nous parler un peu de votre relation ? Vous vous entraînez parfois ensemble ?
On s'entraîne rarement ensemble. C'est une fille qui a mon âge, qui joue vraiment bien. On s'entraîne de temps en temps, mais c'est vraiment très rare. Comment je vais aborder ce match ? Je pense que ce n'est pas évident de jouer une Française à Roland, parce que forcément, le public va être moins pour moi. Enfin, j'espère qu'il sera quand même là pour moi, mais je pense qu'ils vont être assez kif‑kif. En tout cas, je ne dis pas que je suis la favorite sur ce match, je dis juste que je vais me donner à fond, que je vais tout donner sur ce match, en me disant que je vais jouer point par point, et essayer de m'en sortir.
Vous parlez des ambitions élevées que vous avez. Du coup, je me demande si la route vous a paru longue, depuis vos succès en junior ?
C'est dur de dire ça, est‑ce que la route m'a parue longue. J'ai eu des moments difficiles, j'ai eu des moments où pour moi, après que je sois championne du monde avec un an d'avance, je me suis dit : ça va être facile, ça va être une route, il n'y a pas de concurrence. J'étais un peu sous lucide. Je me suis pris aussi des défaites, où cela n'a pas été évident pour moi. Après, je pense que le plus important, c'est, entre guillemets, de se relever de tout cela, de se dire : ok, on a le droit de perdre. C'est un sport où il y a quand même beaucoup de défaites, on ne s'en rend pas compte.
Ce n'est pas évident psychologiquement. Après, est‑ce que la route est longue, je pense qu'on a chacun son chemin. Je ne suis pas très vieille, je viens d'avoir 22 ans. Je ne me dis pas qu'il y a une longue route entre mes juniors et maintenant, actuellement. Je me dis juste que c'est mon parcours. Ok, j'aurais aimé arriver plus tôt dans ce Top 100, dans ce Top 50, dans ce Top 10. Maintenant, j'essaye d'être plutôt positive en me disant : ok, j'ai ce chemin, je suis à ce classement actuel, donc je vaux ce classement. Je vais bosser encore plus dur pour passer les étapes suivantes.
