Après trois mois de suspension pour dopage, Jannik Sinner effectue son retour à la compétition chez lui, lors du Masters 1000 de Rome, où il défie l'Argentin Mariano Navone en night session ce samedi. Un retour attendu par les tifosi.

Il n’y a pas eu de fumée blanche pour permettre à Jannik Sinner de rejouer au tennis. Mais depuis lundi, jour où il a remis les pieds au Foro Italico, libéré de sa sanction, il est surveillé, célébré, comme le Pape. Ses apparitions, ses faits et gestes sont épiés. Après s’être débarrassé dès le premier jour de ses obligations médiatiques, il s’est entraîné avec sérieux avec les meilleurs: Jiri Lehecka, Taylor Fritz, Casper Ruud et Francisco Cerundolo, ce vendredi.

La séance avec l’Argentin a été programmée sur le petit court 5. Tout sauf un hasard. Ce court n’est pas accessible pas au grand public. Installés en terrasse, quelques VIP se délectent d’une proximité. Quant aux vrais fans – les mieux informés – ils avaient “planté la tente” sur les gradins du court 6, contigu au fameux 5. A une trentaine de mètres, ils ont pu applaudir leur idole à 16 heures.

Au dessus des gradins, de multiples rangées de spectateurs se forment. On joue des coudes pour apercevoir la démarche dégingandée du numéro 1 mondial. Attiré par la drôle d’atmosphère, Augustin, la cinquantaine, tend le bras pour arracher un cliché lointain. Un numéro 1 mondial local sur les courts du Foro, c’est historique. En découvrant le résultat sur son telefonino, il fait un peu la moue. “J’aurais voulu être plus près mais c’est impossible avec tous ces gens”, lâche-t-il dans un sourire.

"Il y a de trop de gens qui veulent le voir"

Comme tous les tifosi, il vénère Jannik Sinner, l’homme par qui tant de bonheur tennistique est arrivé ces deux dernières années. “Bon, il y a eu ce problème de suspension mais elle prend fin ici et c’est une star, un champion. Des personnalités comme ça, il en naît tous les 100 ans.”Visiblement fan de football, Augosto compare Sinner à des noms prestigieux: “C’est de la trempe de Maradona ou Platini.” Rien que cela.

A côté de lui, un homme intervient. “Sinner est encore un môme mais il a toutes les caractéristiques d’un homme mature. Il a la tête bien faite. Il est concentré sur son sujet.” Et quand je le provoque légèrement sur son physique et sa personnalité qui n’a rien d’un Italien (il est né à quelques kilomètres de l’Autriche, ndlr), Augusto laisse échapper un petit sourire. “Exact, je vois ce que vous voulez dire. Mais il est né du bon côté de la frontière. Vous savez, on a un pays très étiré. Ça se termine en Sicile. Mais bon, il est bel et bien italien.”

Comme des millions d’Italiens – sa récente interview à la RAI a cartonné en audience -, Augusto suivra son entrée en lice face à l’Argentin Mariano Navone. “Ah c’est le soir? Je le regarderai à la télé. Il y a de trop de gens qui veulent le voir. C’est impossible d’avoir un ticket.”

Depuis 1976, et le sacre d’Adriano Pannata, aucun Italien n’a soulevé le trophée au Foro Italico. Angelo Binaghi, le président de la Fédération italienne, a même envoyé une invitation au Pape Léon XIV, féru de tennis. L’Italie vit une période d’extase. Ça va gronder samedi à 19 heures.