Fraîchement nommée manager des équipes de France féminines, l’Azuréenne va se jeter à fond dans son nouveau job. Elle a hâte de "coacher" Loïs Boisson, par exemple.
Après avoir disputé l’ultime match de sa carrière le 9 septembre à San Sebastian, Alizé Cornet aurait pu avoir la peur d’un vide relatif car entre ses activités d’écrivain, de consultante, elle avait bien préparé son après-carrière. Mais un coup de téléphone d’Ivan Ljubicic a tout changé. Candidate au capitanat, l’Azuréenne semblait avoir du retard sur Amélie Mauresmo. Mais la description élargie du poste a bouleversé la donne. A 35 ans, Alizé Cornet a affiché sa fierté ce jeudi lors d’un point presse au CNE.
"A partir du moment où j’ai coupé le cordon avec le tennis, un processus s’est enclenché. L’opportunité s’est créée, il y avait de la place. En l’espace de deux-trois semaines, tout a été bouleversé et j’en suis très contente. Honnêtement, moi aussi, je me serais choisie parce que je n’ai pas beaucoup de freins à l'heure actuelle, je n’ai pas de famille", dit-elle. La Niçoise a révélé avoir signé un contrat de trois ans, jusqu’aux Jeux olympiques de Los Angeles. Et l’immensité de la tâche ne l’effraie pas.
"En fait, à la base, j'ai postulé pour le capitanat, qu'on n'oublie pas. Mais c'est vrai que quand on m'a proposé d'élargir mes missions, je n'ai pas pu résister. Parce qu'au final, là, j'ai un vrai impact sur le tennis féminin. Je n'attends pas qu'on alimente mon vivier de joueuse en étant au sommet de la pyramide et finalement en regardant un petit peu ça de haut. Moi, j'ai envie d'avoir les mains dans le cambouis. J'ai envie d'aller sur le terrain. J'ai envie de suivre les filles sur les tournois, de voir ce qui se passe sur les tournois de seconde catégorie chez les jeunes. Je pense que c'est comme ça qu'on a une vraie force, un angle d'attaque qui est vraiment efficace. C'est quand on passe du temps qu'on s'investit. Et c'est marrant parce que c'est à l'image de ma carrière. J'ai toujours été à fond, à 100%, et au final, je n'aurais pas pu envisager les choses autrement." Le tout lâché dans un grand éclat de rire. Mais Alizé Cornet sait (déjà) défendre "ses" filles.
"Vous dites que l'état du tennis féminin n'est pas bon. Je dirais qu’il n’est pas aussi bon qu'il pourrait être et il n'est pas à l'image de ce qu'on a connu peut-être il y a 20 ans avec une génération exceptionnelle. Mais il est loin d'être catastrophique. Là, il y a des petites jeunes, entre 19 et 25 ans, qui arrivent, qui ont un potentiel de dingue, qui ont envie. Je les connais, je vois comment elles évoluent, elles s'entraînent bien, elles ont tout dans la raquette pour être très fortes. Et c'est aussi pour ça que je me suis positionnée. C'est parce que ce groupe de filles, ils me donnaient envie. Ils me donnaient envie, il y a tout à faire avec elles. Il y en a certaines où je vais être leur premier capitaine et j'ai envie vraiment d'insuffler des nouvelles valeurs dans ce groupe. Donc moi, je suis très contente des filles qu'on a actuellement au plus haut niveau."
"On manque de femmes dans la système"
Elle a appelé tout le monde, y compris Kristina Mladenovic, plutôt brouillée avec Julien Benneteau. Elle compte évidemment sur Loïs Boisson, qu’elle a contactée. "J’ai senti que ça lui faisait plaisir que ce soit moi, glisse-t-elle. Après, Loïs, ce n'est pas quelqu'un de très démonstratif, Du coup, j'étais contente d'avoir une réaction déjà positive, c'était cool."
Alizé Cornet veut faire bouger les lignes. Et, notamment, contribuer à la mise en œuvre d’un plan de féminisation de la FFT. "Je pense que c'est une réalité, c'est une réalité qu'on manque de femmes dans le système, notamment là où on en manque le plus et c'est là où on aurait le plus besoin, c'est dans l'enseignement, assure-t-elle. Dans l'enseignement, on a moins de 20% de femmes et donc on va essayer de pousser très fort pour former des éducatrices, former des entraîneurs, femmes. Et ça fera forcément du bien au tennis féminin parce qu'au final, on est habitué à avoir des entraîneurs hommes qui sont tout aussi qualifiés pour être entraîneur féminin. Mais c'est vrai qu'on a besoin quand on est une jeune fille, quand on est une petite fille, on a besoin de figures féminines, on a besoin de s'identifier. C'est comme ça, c'est naturel. Et au final, c'est on ne comprend pas vraiment pourquoi le job d'entraîneur pour les femmes n'est pas attractif, alors qu'en fait, c'est quand même un super job."
Alizé Cornet est ambitieuse. Elle veut retrouver le Groupe Mondial au plus vite. Elle a des noms en tête pour constituer son staff mais elle n’a rien voulu laisser filtrer. Mais ça ira vite car elle veut que l’entraîneur qu’elle désignera fasse le voyage en Australie.
