

Selon plusieurs médias grecs, Novak Djokovic se serait installé depuis peu dans une maison louée à Glyfada, dans la banlieue sud d'Athènes. Il s'agit certainement d'un nouveau départ pour celui qui est considéré comme le plus grand sportif serbe de tous les temps mais qui est devenu l'ennemi public numéro un dans un contexte politique tendu.
Novak Djokovic a connu des polémiques tout au long de sa carrière, mais la dernière en date est en train de prendre de grosses proportions. En conflit avec le gouvernement d'Aleksandar Vucic et pris pour cible par les médias favorables au régime populiste serbe, le recordman de titres en Grand Chelem (24) aurait quitté son pays natal pour s'installer en Grèce.
Selon plusieurs médias grecs, l'ancien numéro un mondial louerait actuellement une maison à Glyfada, une commune située au sud d'Athènes, près de la mer et des courts de tennis, avec son épouse et ses deux enfants. Ces derniers auraient déjà été inscrits dans une école privée britannique de la capitale et l'aîné, Stefan, a été aperçu il y a quelques jours en train de jouer avec son père au Kavouri Club d'Athènes.
Le Serbe aurait même entamé des démarches pour établir sa résidence principale en Grèce et aurait rencontré le Premier ministre Kyriakos Mitsotakis pour échanger à ce sujet. Les discussions entre les deux hommes pourraient être liées à une demande de "golden visa", qui lui permettrait d'avoir un permis de séjour de cinq ans en échange d'un investissement immobilier de 250.000 euros.
Un soutien aux mouvements étudiants en Serbie
Un nouveau départ précipité par un climat hostile autour du joueur en Serbie. Pourtant adulé et véritable icône nationale depuis des années, le héros est tombé en disgrâce auprès d'une partie de l'opinion serbe ces derniers mois. En cause: ses prises de position en faveur des manifestations étudiantes contre le gouvernement du président Aleksandar Vucic. Le mouvement de protestation s'était déclenché après l'effondrement du auvent de la gare de Novi Sad, qui a causé la mort de seize personnes le 11 novembre 2024.
Le Serbe avait réagi à cet événement quelques semaines plus tard sur X. "En tant que personne croyant en l’énergie des jeunes et en leur désir d’un meilleur avenir, je pense qu’il est important d’entendre leur voix. Les jeunes instruits représentent la plus grande force de la Serbie. On a tous besoin de la compréhension mutuelle et du respect. Je suis avec vous", écrivait-il le 18 décembre dernier.
Le vainqueur de 100 titres ATP a ensuite apporté son soutien à la jeunesse à plusieurs reprises et de manière claire. En janvier, il a écrit "Pour Sonja" sur la caméra à l'issue de sa victoire au 3e tour de l'Open d'Australie contre Tomas Machac, en hommage à une étudiante percutée par une voiture lors d'une manifestation à Belgrade plus tôt cette semaine-là. Peu de temps après, il est apparu vêtu d'un sweat portant l'inscription "Students are champions" ("les étudiants sont des champions") lors d'un match de basket à Belgrade.
Son nom effacé par le gouvernement
Mais c'est en postant en story Instagram deux photos de la grande manifestation organisée à Belgrade le 15 mars, avec pour commentaire "Historique, magnifique", que Novak Djokovic s'est mis la presse et le gouvernement à dos. Le tabloïd Informer, leader de la propagande pro-Vucic, avait alors écrit: "Djokovic, la honte? Novak soutient la violence et la ‘révolution de couleur’”, allant même jusqu'à le qualifier de "faux patriote". De son côté, l'hebdomadaire Vreme estimait que "l'homme qui a rassemblé les Serbes par ses victoires" a remis en question sa réputation dans le pays en étant "entraîné dans les divisions éternelles qui règnent dans notre société", comme le rapporte Courrier international.
Pourtant accueilli en héros après sa médaille d'or décrochée aux Jeux olympiques de Paris à l'été 2024 – le seul titre qui lui manquait -, le Serbe a même fini par être effacé du discours officiel. Lors d'un rassemblement de ses partisans, au moment de lire la lettre d'un enfant de 8 ans dont l'idole est le joueur du tennis, Aleksandar Vucic a volontairement censuré son nom et l'a remplacé par celui de la star de NBA Nikola Jokic, dont il est proche.
Le tournoi de Belgrade délocalisé cette année
Début août, l'ATP a annoncé que le tournoi de Belgrade, géré par le Serbe et sa famille depuis sa création en 2009, serait délocalisé à Athènes cette année (2-8 novembre). Si l'organisation a expliqué que "les conditions nécessaires pour organiser le tournoi dans le format et le calendrier prévus n’ont pas pu être réunies", cette décision pourrait bien aller au-delà du sportif. Le journal italien Corriere della Serra avançait ainsi que l'actuel numéro 4 mondial avait fait ce choix par opposition à Aleksandar Vucic.
Un revirement récent et bien lié au soutien de Djokovic envers les manifestations étudiantes, les deux hommes ayant jusqu'alors entretenu de (très) bonnes relations. En 2022 par exemple, le président serbe l'avait vivement défendu après son expulsion d'Australie, accusant le pays de "mauvais traitement" envers le joueur et dénonçant une "chasse politique". Non-vacciné contre le Covid-19, une condition qui était alors obligatoire pour entrer sur le sol australien, "Nole" avait été accueilli en héros à son retour à Belgrade. Un temps qui semble désormais bien loin.